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6 février 2011 7 06 /02 /février /2011 12:45

 Un ami , Christophe Poupard de Mayenne (dans la Mayenne) , ce matin a pris le départ pour son premier raid. Il est parti pour faire entre 150 et 200 km sur deux jours.

 

 En attendant ses premières impressions, il m'a envoyé un petit message à midi et demi, tout va bien, il a déjà parcouru 53 km. Le terrain, comme il s'y attendait, est très valloné. En attendant d'autres nouvelles...

 

poupard

 

Tu me donnes envie de repartir...alors que j'avais dit stop pour cette année... 

 

 

 Bien arrivée après 160 km . On attend plus de nouvelles...

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25 janvier 2011 2 25 /01 /janvier /2011 13:01

Revenu de mon premier petit voyage à Caen, bien sur, je n'avais qu'une idée en tête, repartir....

   

Nous sommes le 25 décembre 2010 au soir. Alors que nous nous délectons d'un bon repas de Noël, ma mère nous annonce qu'elle nous invite à manger le 22 Janvier au midi aux Sables d' Olonne. Cette date est en plein pendant mes 3 semaines de vacances... La première semaine au Ski... il me reste 6 jours entre le retour des Alpes et ce repas... Le message était clair d'autant plus qu'il me restera une semaine derrière pour me reposer...çà ne peut pas mieux se goupiller. Maintenant, il va falloir préparer çà et il ne nous reste pas beaucoup de temps.

 

   Il était bien entendu que j'allais me servir de ma première expérience pour affiner ma préparation. 

 

 Ainsi donc j' avais déjà commandé pour Noël un skate drive que je n'aurais pu essayer que sur une petite dizaine de kilomètres avant mon départ....Julien peut en témoigner, une horreur de sortie. Très mauvais ressenti pour la première expérience. Jolly Jumper (vous comprendrez vite pourquoi ce nom) n'était vraiment pas ce à quoi je m'attendais. Pas maniable du tout, les freins très difficile à  régler, un vrai boulet qui me ralentissait plus qu'autre chose....Je l'équipe petit à petit ...  un garde debout, un rétro (que je n'aurais que très peu utilisé) le porte bagage (et la  fabuleuse caisse dont nous parlerons plus tard) , le compteur pour lequel Gwen m'a fait une superbe bar tableau de bort, un porte bidon et l'éclairage.

   

Photo0261

 

 çà, c'était réglé... Un autre souci pour repartir et pas des moindres, Les patins. Mes FM100 étaient trop grands et surtout bien usés... Jouer avec les semelles et les chaussons de plongée, çà va bien un temps... D'autant plus que m'habituant à rouler en carbone bas, le FM100 devient vraiment un chausson "chamalows"....

 

Je décide donc de taper dans l'intermédiaire du Carbone en Vitness... le M100... mais pas donné... Mon budget rollo ayant été plus qu' exorbitant cette année, je décide de tenter ma chance dans de l'occase... Et je trouve des M90... en 41. Je contacte le vendeur et le fait presser au maximum. Les patins arriveront la veille de mon départ au ski. Vu que j'envisage de décoller dès le retour des Alpes, je n'aurais jamais essayé ces patins.... Un coup de poker d'une stupidité effarante mais je suis un grand chanceux. J'hésite à monter mes nouvelles platines BJ dont je suis plus qu'entièrement satisfait.... puis je me dis que rester dans un bon vieux 4 fois 100 que je connais sera moins risqué vu tout les inconnus que je m'apprête déjà à braver. Je ne remets pas en question les platines de Joël mais plutôt le 110 sur de gros col.

 

Nous voici à la veille du départ au ski. Je n'ai pas eu le temps de faire de course.... Je serais retenu au boulot très tard ... Donc pas de carte... Zut , je comptais bien faire mon itinéraire à la montagne. .J'avais fait une approximation sur open runner ... qui vivra verra. Il ne sent pas bon du tout ce raid. J'ai réussi entre midi et deux à passer voir un marchand de cycle avec qui on aura réussi à régler les freins. C'est déjà çà. .

 

 Départ au ski... Une superbe semaine de vacance dont je reviendrais totalement revitalisé.

 

 

Et nous voici de retour chez moi à Morlaix le samedi soir à 1H30 du matin. Je pars dans 8 heures.... J'ai demandé à Julien d'aller m'acheter la carte du Finistère la veille.  C'est déjà çà de fait. Je vais donc vider mon sac de montagne dans la nuit pour remplir le skate drive.... L'horreur...J'oublierai bien des choses mais bon je réussis à prendre le vital à mes yeux.... Carte bleue, téléphone et chargeur, couteau suisse,  Un gros rouleau de scotch ,des fringues propres pour le soir, roulements et W40, pince, clé, Appareil photos,  et de l'urgo plaque (pansement deuxième peau) à mes yeux c'est le minimum vital.

 

 Après coup à bien y réfléchir, je n'avais presque rien oublié hormis mon KWAY en cas de pluie et mon duvet au cas où je ne trouve rien pour dormir. Comme déjà dit, je suis très chanceux, il aura fait un temps magnifique et j'aurais toujours trouvé sans trop de souci un toit pour m’abriter.

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25 janvier 2011 2 25 /01 /janvier /2011 13:00

  J'ouvre les yeux... tient il fait bien jour, je regarde ma montre... loupé mon réveil... cool... et là je me demande, est ce que çà vaut le coup de partir, rien n'a l'air de vouloir se mettre comme je veux. Bref, je file chez Julien récupérer ma carte. Il me la donnera gentiment sans me traiter de grand malade bien que ses yeux le trahiront.

 

Je rentre chez moi. Remonte mes 3 étages, Ouvre la dite carte, me sert un gros café et regarde vite fait. Gwen pendant le retour du ski m'a parlé de la route de Caraix... çà grimpe, revêtement crado.... Ok je prends celle ci alors. Allez, çà ne sert à rien de tout tracer,  Si çà se trouve, j'aurais déjà abandonner ce soir avec ses patins que je ne connais pas et cette chariote de la mort qui bringuebale dans tout les sens. J'ai faim.... je n'ai rien à manger hormis deux galettes de maïs et un peu de miel.

 

 Je descends avec tout mon attirail... impressionnant....  Le petit Charles, un jeune du club, passe par là avec son chien. Je suis déjà dans mon trip et mes soucis, je ne serais sûrement pas très agréable avec lui....bref... Je démarre. Je parcours 500 mètres et les patins me chatouillent déjà les pieds.... "Il va y avoir du sport".

 

Presse 2945

Jolly Jumper lui est un peu plus maniable maintenant qu'il est chargé mais bon, je ne dépasse pas le 15 Kmh. Je traverse Morlaix. Sincèrement j'ai une énorme boule au ventre... Comme toujours, ma question fétiche, dans quel trac nard t'es tu encore mis?

 

Et c'est parti, on commence à grimper. A ma grande surprise, je commence à me détendre, je croise beaucoup de cycliste qui me saluent. Joly Jumper par contre m'agace. Une des Molettes ne fait que ce desserrer... J'ai beau la refermer régulièrement... rien y fait... De plus, j'ai de plus en plus de jeu dans le guidon... La platine de mon patin gauche fait aussi un son étrange... Comme çà flaire pas bon mes amis....

 

Une petite aire de repos avec une table, je m'arrête. En ce qui concerne la platine, le problème est vite résolu.... J'avais monté çà dans la précipitation. Je la resserre en espérant que çà ne sera pas un problème récurant. Maintenant je décide de m'occuper de Joly Jumper. Je vide ma caisse intégralement sur la table. Mes 5 écrous sont tous desserrés...Et tout à coup , je prends conscience qu'avant mon départ au ski, je les avaient vite fait serré à la mains en me disants que je feraient çà mieux plus tard... Bravo Antoine, t'es un as... et naturellement, pas une clé qui va bien. Je resserre çà du mieux que je peux et rempli le coffre. La fameuse goupille qui ne fait que s'ouvrir, je trouve aussi une solution radicale: 4 gros tour de scotch... Mes réparations auront étés digne d'un bricolos en herbes mais elles auront tenues.

Photo0322

 

 Je peux reprendre ma route. Tient, une heure de perdue.... Mon compteur ne fonctionne plus maintenant....restons calme. Je m'arrête, regarde, teste trifouille. Çà m'agace, je voulais faire un voyage, je fais un stage de mécanique.... je laisse couler la neige me disant que je n'ai même pas besoin de çà. Je repars ... çà me chagrine un peu tout de même. A la prochaine pause, j'y jetterais un coup d'oeil.  40 km je m'arrête à nouveau, le graton vient de faire son apparition et pas des moindres...du bon gros gratons de bonnes qualités. Je réussi à trouver le souci du compteur. J’avais l'appareil photo qui avait déplacé le capteur. Bref... Il est 17 heures, j'arrive à Caraix. Très déçu. 5à km, il va faire nuit, je suis cassé. J'ai envie de jeter cette chariote du diable dans une rivière et de continuer comme çà.

 

Photo0325

 

  Je décide de passer une bonne nuit et de voir çà demain. Je trouve un hôtel qui n'ouvrira qu'à 19heures. Il fait frais (je n'ai pas pris de blouson bien sur).

 

Je me réfugie dans un bar et mon premier fan commence à me pauser les questions qui deviendront récurrentes (prochain raid, je prépare un petit dépliant explicatifs, non, je blague, c'est génial ces rencontres).

 

Photo0326Ce monsieur travaillait dans l'import de légumes, licencié, il est venu voir un spectacle de french cancan à Caraix... On se trouve donc à discuter de rollot... Il est très curieux.... je lui parle du Mans. Bref. Superbe moment. 19 heures, je vais à l'hôtel. Une réceptionniste charmante et  gentille comme un coeur. Elle m'ouvre un salon pour Joly Jumper . Je monte dans ma chambre. Une baignoire. Alleluia. Bilan des pieds.... Grosses rougeurs mais pas de casses... Ok, les patins, çà va le faire bien qu'ils m'aient un peu fait souffrir. Le bain me relaxe infiniment et je saute au petit restau du coin de la rue engouffré ce que je pourrais (je suis parti avec 2 barres de céréales...

 

Une belle assiette de pâtes aux champignons et deux boules de glace et hop je rentre dans ma chambre... Je discute 5 minutes avec la réceptionniste...vraiment très charmante. Bref...Je fais mon petit récit sur le cahier et me couche? Réveil pour 7 heures demain, si je ne suis pas une flèche avec ce chariot, je roulerais plus longtemps pour compenser.

 

 50 km ,4 litre d'eau, 11Kmh de moyenne.

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25 janvier 2011 2 25 /01 /janvier /2011 12:58

   Une belle leçon que j'ai retenu de mon premier raid, c'est qu'un solide petit déj, c'est déjà un excellent atout. Cela peut paraître évident pourtant, c'est pas toujours facile de faire le plein quand le stress est là (pensée à Lucille). Ainsi donc je mangeais le matin à m'en dégoûter. 2 à 3 croissants, une demi baguette... confiture et beurre à gogo, jambon fromage et je te rassure Youb, ni lait, ni jus d'orange...

 

J'ai pris comme décision hier de rallonger un peu mon voyage de base. La ville de Lorient, je ne l'ai jamais vu et elle pourrait me permettre de passer voir Carnac... La météo annonce de la pluie ce matin. J'enfile mon pantalon de ski (kway). Il n'y aura pas une goutte de pluie de la journée...

 

 Avant de partir, je demande à ma gentille réceptionniste si elle n'a pas une pince à me prêter. Je resserre ma caisse à fond ce coup ci. Pas de souci, çà ne bougera plus. C'est reparti... Gwen m'avait prévenu qu'après Caraix, la fête n'était pas finie, les montagnes noires m'attendaient... Oups là çà grimpe et sec.  Je fais une pause et décide de regarder un peu mieux les cols sur ma carte...

 

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Enfin, le parcours se dessine distinctement.... je vais essayer de prendre les moins costauds.

 

J'arrive le midi à Le Faouët. Çà ne va pas du tout, j'ai terriblement mal aux chevilles. Il y a ici un beau marché couvert. Stéphane du Puc me dira plus tard que c'est "avec celui de Plouescat le dernier de Bretagne". Je m'arrête dans un petit restau car j'ai faim et ne fais plus rien de bien. Un petit repas ouvrier à 7 ou 8 euros accompagné d'une vraie pièce de théâtre... Les serveuses qui s'engueulent... le patron un peu macro sur les bords....allez les filles, on se bouge.... bref, un grand moment de distraction passé pied nu sur le carrelage....

 

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 Je repars comme un sous neuf (il aura fallu que je face une petite démonstration du SD avant le départ.  Plus tard, dans une montée,  par le plus pur des hasards, je tire sur le guidon du SD.... Il vient de se passer un truc étrange, la poussée suivante me parait moins pénible. Je retente l'expérience.... oui... cool.

 

Puis me vient un flash ou je vois Youb sur la vidéo de son dernier raid, rejoignant Yann. Il tient son SD presque au niveau de ses épaules... Je fais mes petites expérimentations et découvre un geste de pompe qui me va vraiment très bien.... Je ne pousse plus un boulet mais je le pousse puis il me tire.... pas facile du tout à expliquer mais çà sera un échange de bon compromis.

 

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Enfin, je commence à entre apercevoir l'utilité de cette chariote que je commence à apprécier. Ma vitesse moyenne de 11 kmh d'hier  passe aujourd'hui à 13,2 alors que le relief est toujours aussi désagréable. Hier, le gratons n'avait représenté que 20% du parcours, aujourd'hui, ce sera plus de 50%. Je ne regarderais quasiment pas le compteur de la journée. Le soir, j'arrive à proximité de la ville de Lorient.

 

Je suis exténué... J'ai très mal aux chevilles... Je m'arrête dans un petit village. Un homme de l'autre côté de la route m'interpelle, me pause des questions sur Jolly Jumper et compagnie. Il traverse et je lui explique tout.... Il m'invite à prendre un café et m'explique que sa fille s'est mise au roller, qu'il voudrait s'y mettre. Nous discutons un bon moment quand je constate qu'il va faire nuit. Je lui demande si il sait ou trouver un hôtel à Lorient.

 

Il m'indique une direction... J'y vais... Ouah, çà grimpe encore très sec. Je me loupe... Je cherche, ne trouve pas, c'est mal indiqué, je ne sais plus par ou aller. Et là je sors pour la première fois ma boussole. Voilà Lorient sera dans tous les cas au sud. Je navigue donc vers le sud... Le jour décline très vite, et je branche mes lumières... bien sûr je n'avais pas changé les piles...

 

Je tombe enfin sur un périf... je roule sur la bande d'arrêt d'urgence mais çà n'est  pas rassurant tout de même. Je tombe sur une zone d'activité hôtelière. Premier complet...., pas de blague... Je fais le suivant... La nuit à 90 euros... trop peu pour moi et enfin j'aperçois le formule 1.

 

 Alors que je m'en approche, une fenêtre s'ouvre et un monsieur m'interpelle. Mais c'est le papa qui m'a payé un café tout à l'heure. Il est revenu me chercher pour me proposer de venir manger et dormir chez lui (j'ai appelé ma femme, tout est arrangé, me dira t'il). J'ai hésité deux minutes. Je suis vraiment lessivé. J'ai envie de calme. Je refuse l'invitation d'autant plus qu'il doit se lever très tôt le lendemain pour aller bosser.

 

Plus tard, je me dirais dommage mais bon... Arrivé dans ma chambre d'hôtel, je veux envoyer un petit SMS pour prévenir que tout va bien. Gros stress.  L'écran tactile de mon téléphone ne veut rien savoir.... Ce serait inconscient de continuer sans ce compagnon (le téléphone en lui même je m'en contrefiche mais je n'ai strictement aucun numéro en tête.)

 Je fais des pieds et des mains avec la réceptionniste pour qu'elle me trouve le numéro de mon frère sur le net et me permette de l'appeler... Bref, Laurent préviendra Gwen ... Dans la soirée, je trouverai comment débloquer la chose. Une petite salade verte, une brochette de boeuf et du riz au Buffalo et au lit.¨Petite précision, je prends une chambre d’hôtel au rez de chaussée pour pouvoir avoir Joly jumper avec moi dans la chambre...erreur

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25 janvier 2011 2 25 /01 /janvier /2011 12:17

5 heures du matin.... boum, bling, badaboum etc....

 

La nana prépare son petit déj... Ma chambre est juste à côté. Cool... Je me rendors d'une mauvaise oreille. Je me lève de mauvais poil. Buffet petit dej. L'horreur. Du pain sec, de la brioche chimique (merde je suis un vendéen qui rejoint sa Vendée....) pas de charcotte, pas de fromage.... rien  ... bref je mange de mauvais coeur.... par contre... la confiture est en tube... elle est pas si mauvaise que çà. Je fais un test. J'arrache le bout du tube avec les dents et aspire la chose excellente. Je me remplis les poches... (Une bonne 15aine). Çà me servira pour tous les coups de barre.

 

Je décide à nouveau de m'allonger pour voir Port Saint Louis (20 km de plus). Je pars de Lorient. Pas agréable du tout, je roule au milieu de gens stressés, agressifs et mal réveillés qui partent au boulot... y aura deux trois : "gros c..." qui s'échapperont de mes lèvres...

 

J'arrive sur un pont (le pont du Bonhomme) qui borde le vieux pont de pierre d'autrefois dont il ne reste que des pilliers de pierre. La vue sur la mer est apaisante. Je commence à prendre beaucoup de plaisir. Je reçois aussi pas mal de petits mots d'encouragements qui me font du bien.

 

 

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Sur un voyage comme celui-là, on est très vulnérable, le moindre pépin peut vous casser le moral. Inversement, un tout petit coucou vous redonne des ailes (alors pensez-y, si l'un de vos proches ou moi-même se lance dans un délire comme çà...)

 

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J’arrive à Port Saint Louis. Mes patins me font souffrir. Pas grave, c'est dans la tête... Je rencontre mon premier policier (une dame en l’occurrence). Très belle de surcroît. Je vais la voir, plus pour voir sa réaction face au skate drive qu'autre chose... rien, sourire, sympa... Je lui demande si çà vaut le coup d'entrer dans sa petite ville... elle me conseille très judicieusement d'aller visiter la citadelle. Je mangerai pas mal de pavés mais au résultat final, j'aurai découvert une charmante petite ville, toute fortifiée et sa citadelle. (À visiter si vous passez par là).

 

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Je repars, plein cap vers Carnac et ses fameux menhirs... Mes pieds deviennent très douloureux mais ce n'est que le fruit de mon imagination, un stimulus envoyé à mon cerveau... de la blague quoi... 

 

Eh non, Je suis dans un énorme Dark et l'auto-persuasion, la théorie du "je vais bien tout va bien" ne passe plus.

 

 Je m'arrête dans un tout petit village... je meurs de faim. Une petite boulangerie. Personne... j'appelle... Une vraie petite vieille Bretonne apparaît. Elle voit Joly Jumper dehors.... les yeux de De Funès dans la soupe au choux quand la soucoupe volante arrive... la même scène... je m'égare... bref... plein de questions:

-"vous n'auriez pas mangé des choses bizarres pour faire un voyage pareil? "

-"Ne partez pas trop vite, je veux voir comment çà marche... mais çà ne fait pas de bruit??? "

 

 

 Je m'arrête 1 km plus loin avec ma part de flan (oups, Youb, là t'as rien lu) je suis au milieu d'un champ plein de menhirs alignés... (Alignement de Kerzéro).

 

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Il  y a quelque chose de plus ici qu'il n'y a pas ailleurs.

 

Ne me demandez pas pourquoi mais c'est reposant, apaisant, spirituellement cool, en un mot ZEN ...

 

 Je comprends pourquoi les sorcières se rassemblaient là. Je déchausse car c'est le feu... et  je marche dans l'herbe fraîche (très très fraîche...) Instantanément, je n'ai plus mal... (Çà, je le garde à vie dans ma tête) je restais là un moment assis sur un rocher... les pieds bien en contact de la roche glacée à méditer sur ma petite vie, sur le pourquoi  de ce voyage et sur l'avenir de mon cheminement dans la vie tout entière...

 

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J'ai compris une chose très importante sur ce rocher... ce voyage et la vie, c'est la même chose... Il y a des hauts, des très hauts, des bas et des très bas... Les gens heureux sont peut être tout simplement ceux qui ont tendance à vivre à fond les bons moments et faire abstraction des petits soucis... Un très très bon moment. 

 

Ressourcement physique mais surtout psychique (je n'ose pas le terme spirituel pourtant c'est celui qui me vient en premier). Je repars et arrive à la ville de Carnac même... Rien de fabuleux hormis des routes particulièrement détestables qui vont me mener à la Trinité sur mer. Là, j 'y fais à nouveau une pause pour un bon gros café sur une terrasse du port.

 

Le serveur m'autorise exceptionnellement  de consommer ici... la terrasse est fermée en hiver mais je lui explique que je ne veux pas laisser Jolly Jumper sans surveillance (depuis qu'on se comprend tout les deux, je tiens de plus en plus à lui , quand je pense que le premier jour, il a failli passer par dessus un pont...)

 

 Mon prochain objectif est de traverser le golfe du Morbihan. Oups, j'ai oublié de me renseigner si les liaisons fonctionnaient bien en hiver. Le garçon de café, super sympa (coureur de marathon avec qui on aura discuté un bon moment) me trouve une brochure.

 

J'appelle... c'est mort. Il faudra attendre 3 mois pour traverser avec les bateaux de tourisme. Je regarde ma carte. Il me faut faire tout le tour du golfe. Deux grosses villes à éviter dont Vannes. Plus de 100 km au moins. Une étape en plus. Là je serai en retard pour l'anniversaire de ma mère.

 

 Ni une ni deux, Je téléphone au capitaine d'un petit port: Locmariaquer. Guy, m'explique que ses bateaux sont au mouillage. Je lui demande si il ne connaît pas, un péchou ou un touriste dans le coin qui pourrait me dépanner.

 

 Il finit par accepter, moyennant finance de me faire faire une minie-croisière  juste pour moi. J'ai une très bonne étoile au-dessus de la tête....

 

Je dois par contre le rejoindre au plus vite. Branle-bas de combat, larguer les amarres. Je pousse Jolly Jumper pleine balle... çà lui plait, il me le rend bien, on dépasse enfin le 30kmh à plat... Superbe sensation, il file comme un étalon. J'ai l'impression que la route s'écarte devant nous pour nous laisser passer, les feux sont verts, les gens nous laissent tous filer. Je me sens libre comme l'air.... c'est terrible de vous raconter çà ici, il n'y a pas de mots. A ce moment là, je me dis que je suis vraiment heureux et chanceux (à ce moment précis, j'ai sûrement été dans le top 100 des gens les plus heureux au monde), Je vis une aventure fabuleuse. De la que je me dirais que je suis tel Lucky (l'heureux) Luke à traverser des contrées avec son Jolly Jumper...

 

 Nous arrivons donc à Locmariaquer ou quelques petits vieux attendent avec Guy, l'aventurier qui traverse leurs Bretagne en roller....Ils étaient tous au bistrot et mon capitaine de Corvette a du leurs raconter quel drôle de loustique arrivait.

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 Il attrape un petit youyou (bateau en plastique) et va chercher au cormore un bateau en allu d'à peine 4 mètres ...

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Je ne suis pas bien rassurer. Je décide de déchausser en me disant que si Guy a bu un petit jaune en trop, on pourrait se retrouver facilement à l'eau et qu'avec 1,5 kilo à chaque pied, je risquais de couler avec JOLLY mon fidèle compagnon. Guy attrape Jolly Jumper par les pâtes arrière et le charge sans aucun soucis tout seul... çà me rassure, mon capitaine est un costaud.

 

La traversée se passera à merveille. Guy, qui fait çà régulièrement en été me fera même une petite visite touristique m'expliquant qu'il y a 42 îles dans le golfe, presque toutes appartenant à de riches particuliers. Certaines, abritant de vrais palaces (une de 42 chambres....). Le bras droit de Luc Besson vient d'en acheter une et.....je vous passe tout les petites histoires de fesses...

 

Guy naviguera tout doucement m'expliquant qu'un paquet de mer (ce que j'adore d'habitude prendre dans le nez) pourrait faire rouiller Jolly Jumper... Bien vu mon capitaine. Je lui paye son tribut tel à un taxi pour sa course.

 

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Et voilà l'une des trois grosses barrières de mon voyage passée. Au moment du débarquement, 3 couples de petits vieux viennent voir ce drôle de passager.... Une petite demi heure pour expliquer ce que je fais ...

 

Je pars en direction du Croesty.... un petit port que mon frère a visité cet été et qui mériterait le déplacement selon ses dires.

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 Je m'y arrête pour boire un grand café. Une patronne de 40 ans aussi jolie que gentille m'accueille. Elle me dit que son mari est en Antarctique pendant 1 mois... Qu'elle admire les aventuriers.... Je lui réponds que moi je fais juste du patins à roulettes, j'ai tout de même énormément moins de mérites....Non, elle persistera jusqu'au bout...adorable....à la limite de me mettre mal à l'aise.

 

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 Par contre au Crouesty pas d'Hôtel et il se fait tard....Cap à l'est pour Sarzeau. Je suis fatigué, je trouve une superbe piste cyclable... mais les indications ne me plaisent pas... je ne suis pas sur de savoir ou elle me mènera.... plutôt que faire un impaire, je reste parmi les fous du volant sur un sublime graton de qualité supérieur (celui qui gratte , jusque dans la tête).

 

J' y arrive, les pieds ne sont plus en feux.... j'ai des braises dans les patins...Je rencontre un petit vieux qui me dit que je trouverais un petit hôtel sympa et pas cher face à l'église. On me propose la formule ouvrier, chambre repas du soir et petit déj à 50 euros...génial... J'accompagne Jolly à l'écurie (salle de séminaire). Je cours me mettre les pieds dans l'eau froide puis me prend un bon bain bouillant... presque tout se remets par contre une énorme ampoule vient de péter. Il y a une pharmacie a côté de l'hôtel, j'y saute avant la fermeture. Une jeune pharmacienne rousse d'une beauté à vous couper le souffle m'y accueille (je retournerais à Sarzeau juste pour la revoir) me conseille une crème pour apaiser mes chevilles.... Un truc à base d'aspirine, Je rentre à l'hôtel (sans avoir invité ma pharmacienne à boire un coup.. gros timide que je suis) et je m'applique sa crème. TROP BON;;; gagné... ouf...belle journée, riche de rencontre, émotions et découvertes.

Ma chambre donne sur une superbe église qui me pétera la tête toute la nuit de son carillon mais bon.... très bel endroit...

 

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 Youb m'appellera ce soir là. Nous parlons un peu de tout.... je lui parle de Jolly Jumper et de ma méthode de pompe. Il m'explique une nouvelle technique... je verrais çà demain. .. Ma mère m'appelle pour avoir des nouvelles... elle n'est pas en forme, j'ai ordre de lui faire croire que je suis à Morlaix pour ne pas qu'elle s'inquiète. Elle doit croire que je descendrai en voiture.

 

Petit nettoyage roulement

 

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 Je descends manger... ce soir c'est assiette de charcuterie, pâtes osso bucco, gâteau coco...

 Une petite lessive artisanale au savon de douche. Çà commençait un peu à sentir l'ours polaire nos histoires

 

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25 janvier 2011 2 25 /01 /janvier /2011 11:47

 

Réveil. Dur dur.

Il fait un vrai froid de canard dehors, tout est gelé...Petit déjeuner pas trop mal. Le chef cuisinier embauche à 9 heures, j'arrive à négocier du jambon blanc en plus. Je prends mon petit déj à côté d'une grande pièce vitrée renfermant des oiseaux, (perruches). Encore un truc plutôt apaisant. J'avais une belle boule au ventre ce matin au réveil:  le stress que mes chevilles m’abandonnent.

 

Je sors de l'hôtel avec Jolly Jumper et un vieux monsieur m'aborde directement en me demandant si je suis "le vendeur de pièces"?

 

Oh oh, je commence à fatiguer ou bien? Je suis le vendeur de quoi?

" Les pièces de monnaie." Il regarde Jolly Jumper... Je comprends. Il m'a pris pour un marchand ambulant.... Pété de rire. Je lui explique gentiment, il me regardera partir un peu septique.....

-"mais le moteur? ... ah!mais non, c'est pas possible en roller...."

-" si si monsieur... "

 

 Je saute vite fait à la maison de la presse ou j'achète ma seconde carte.... je vais bientôt être à l'aveugle. Je me fais interpeler par un parisien qui a fait le Mans , les randos de Paris coquillage et crustacés... bref sympa.

 

 Et c'est reparti. Je suis gelé. Je sors mes gants, le collier en polaire... Beaucoup de mal à me réchauffer. La route est givrée par endroits... Mes roues n'accrochent vraiment pas du tout... Bref. Démarrage très cool. Je m'arrête prendre un joli petit château en photo.

 

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 Je suis sur une départementale (une principale , en rouge sur la carte). Ce n’est pas cool du tout, les gros camions ont tendance à faire vaciller Jolly jumper. Je trouve enfin une petite route. Je teste la méthode Youbienne pour Jolly Jumper... Pas terrible, Jolly se rebife, le compteur me dit, ce n’est pas bon et moi je ne suis pas à l'aise. On laisse tomber et je reprends ma pompe.

 

Arrive un fabuleux billard en montée. Je retente l'opération et là ce n'est plus l'impression d'avoir un SD mais réellement un cheval fougueux entre les mains. Je le lâche littéralement... je ne lui donne que de toutes petites impulsions pour le guider. Vraiment l'impression d'être derrière un animal qu'on dirige. Il se cabre, dévie légèrement. Je finis par jouer avec les petits doigts. Géant. MERCIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII Youb.

 

 Je sors de la presqu’île du Rhuys et arrive dans la ville de Muzillac. Ce sera l'un d'un des plus grands moments de douleurs. Mes chevilles hurlent littéralement. Comme toujours, ma bonne étoile qui me suit, m' envoie le coup de pouce qu'il me faut. Un petit parc tout calme avec un petit étang et cerise sur le gâteau, un muret au bord de l' eau.

 

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Je me gare, cours (c'est le terme) vers l'étang.... déchausse et tel un maréchal-ferrant, qui plonge son fer brûlant dans l'eau, j' immerge immédiatement  mes pieds dans l'étang (marrant, je m'attendais à voir l'eau bouillonner). Aucun poisson ne remontera à la surface , aucun mort à déplorer... c'est déjà çà.

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 Elle est tout de même très fraîche mais çà soulage. Je sors les pieds de l'eau et comme à Carnac, je marche dans l'herbe. Je ferai l'opération 3 fois... La dernière pour enlever l'argile....

  Photo0375

 Je vais déjà beaucoup mieux. Je rejoins le centre-ville à pied (200 mètres) et tombe sur une petite place très sympa avec une terrasse: petit café et belles rencontres. Une maman qui fait du rollo avec sa fille de 6 ans et un monsieur qui ne marche plus depuis 4 mois... il s'est cassé les deux chevilles. Ils me donnent de très bon conseils sur la route à suivre.

 

 Ce monsieur sera un soutien spirituel pour la suite de ma route. Chaque fois que la douleur pointera le bout de son nez, je penserai à la chance que j’ai, face à cet homme... il me regardait simplement, envieux. J'ai souvent pensé à Gwen aussi, qui sait, plus que bien des gens ce qu'est la vraie douleur. Je suis une vraie chochotte. Quand je dis que je souffre le martyr, je suis généralement à 4 sur 10.

 

 Ce seront encore de petits repères qui ne me feront pas lâcher prise.

 

 Je traverse un champs d' éoliennes ou je me fais bien bracer... très très drôle.

 

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J'arrive dans le village suivant: Arzal. Ici se trouve la seconde barrière naturelle qui me fait peur. Le barrage d'Arzal. Tout compte fait, çà se passe très bien, çà n'est qu'un pont à élevation. Ouf. Je continue (joli petit port au passage).

 

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 Arrive le village d'Asserac. De partout je vois des panneaux "déviation, routes barrées..." Mais Antoine, c'est un superman, un costaud... il passera quand même... Pas finot pour deux sous... Je continue tête baissée. 8 km de gratons et j'arrive face à une énorme descente....

 

là me vient un doute... et si....

Un vieux monsieur repeint son portail et je l'interroge. En bas de cette descente, il y a un fleuve, sur ce fleuve, il y a un pont... mais le pont, il n'est pas la, on le répare.............................

 

 Antoine tu es un blaireau.....

Je discute avec mon vieux monsieur qui  me dit : « pas le choix, faites demi-tour.... »

 

 Je lui montre sur ma carte une route qui pourrait me raccourcir et me faire éviter  de reprendre 8km de gratons. Il me déconseille ce raccourci, me disant que la route est mauvaise.

 

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Vu que ma stupidité ce jour là était sans limite, je ne l'écouterais pas...  et je prendrai le raccourci de l'enfer menant à Pompas. Très belle leçon de vie que cette route.... :"Tu apprendras à écouter les gens qui savent, Antoine. Tu n'es pas obligé mais tu en subiras les conséquences.  A partir d'aujourd'hui j'écouterai les petits vieux.

 

Bref, je paierais très cher cette leçon de vie. L’abomination ultime des routes françaises....le moral est au ras des pâquerettes et comme toujours, ma petite étoile est passée par là... Je dépasse le premier truc en mouvement pour la première fois de tout mon voyage (hormis une poussette). Une faucheuse qui désherbe le fossé (8kmh).... riez, riez.... çà me fera tellement de bien que je repars de plus belle.

 

Je m'enfile deux tubes de confiture à l'abricot. Jolly Jumper comprend le message directement, nous arrivons sur une superbe départementale.... Je ne vous dis pas ce qu'on s'est mis derrière l'oreille après pas loin de 10 km de gratons.  Encore un moment purement orgasmique. Route terriblement fréquentée mais tellement large que j'ai bien 1 mètre de marge. La route devient peu à peu plus étroite. Cà commence à moins me plaire d'autant plus que la méthode Youbienne pour diriger Jolly Jumper nous fait prendre un peu plus de place sur la route....

 

 Une route sur le côté toute neuve se dessine au loin. Je regarde ma carte, une petite départementale longe ma route. Çà ne me plait pas, elle est blanche sur la carte. Une voiture arrive. Je lui demande comment est le revêtement... Bien sûr, il me répond que c'est cool.... Qui peut savoir en voiture comment est le revêtement. Aujourd'hui je mérite bien le titre d'empereur des idiots au royaume des cons. Je joue la carte de la sécurité. Et hop , Verdun.... sans les obus....

 

Photo0323

 C'est vraiment pas la fête quand tout à coup apparaît une blonde qui fait son jooging , 25 ans, belle comme le jour (c'est toujours ma bonne étoile qui me suit) elle s'arrête, on commence à discuter. Son parfum (depuis que j'ai arrêté de fumer, je suis très sensible) est tout simplement délicieux et rassurant à la fois. Elle m'indique comment rejoindre Guérande. Encore une superbe rencontre. Harassé de ces chemins à 4 grammes qui m'ont fait perdre toutes mes forces aujourd'hui, je prends la nationale.... et non, y a pas de limite à la connerie...

 

 

Je longe Guérande et entre dans la Baule par le périf...je suis tétanisé de peur.... çà déboule de partout. Je me fais klaxonner de toutes parts et pour une fois, je dois l'admettre, je suis un grand malade, je n'ai rien à faire ici.

 

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Je persiste jusqu'à un rond-point où je vois une deux fois deux voies limitée à 110. Enfin je descends de mon nuage delirium et je décide de prendre une toute petite route. Je suis rincé. J'entre à la Baule par une toute petite rue.

 

Je tombe sur un homme de 40 ans. Pas possible, il s'est vidé une bouteille de Pastis sur la tête ou bien il se parfume à la fleur d'Anis (pas de lapsus s'il vous plait...). Bref mon gaillard est rond de chez rond... je lui demande où  trouver un hôtel pas trop cher à la Baule.

 

Grosse concentration... il s'accroche au muret pour ne pas tomber et à ma grande surprise me répond après une belle méditation et deux trois rots....

-" va pas à la mer....c'est pour les bourgeois. Toi tu es un gars du peuple... va à la gare....C'est à deux pas... et il y a un bar sympa à côté, "

Superbe rencontre encore une fois... Bingo, la gare est juste au coin de la rue comme indiquée.

 

 L'hôtelier y est adorable et j'arrive encore à négocier une chambre (en mode ouvrier).

 

Jolly Jumper dormira cette nuit en cuisine. Moi, même méthode que d'habitude.... Le seul petit hic, la douche ou le bain magique ne fera pas son office ce soir. La douleur est là. J'ai beaucoup de mal à marcher. On a discuté un peu avec l'hôtelier (chef de cuisine). Il sait que j'ai fait de très belles maisons et çà s'en ressent dans l'assiette.

 

Très bon repas. Coup de fil de maman.... :

-"oui, je lave mon linge, j'étais à l'entraînement de roller tout à l'heure. Oui il fait beau à Morlaix.... "

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25 janvier 2011 2 25 /01 /janvier /2011 11:27

 Petit déj, encore une fois, pantagruélique. Je chausse dans un petit salon où des amis du patron prennent un café avant d'aller faire un golf. Petit interrogatoire en règle. On me demande si c'est possible de commander la même herbe que moi sur Internet (j'ai hésité à donner ton adresse Youb).

 

Bref je pars à la boussole. Pas envie de discuter ce matin. La mer est au sud. Je navigue plein sud. Je passe dans une rue de magasins "prout prout... ".

 

Photo0390Ce sont les soldes.... c'est vrai.... moi les miennes sont finies, les 8 % sont derrière moi....et je tombe sur l'océan...

 

 Grosse surprise... le remblai de la Baule, c'est la même chose que les Sables....J'aperçois un ami de Jolly Jumper qui court sur la plage.

 

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Je commence à rouler sur une belle piste cyclable qui longe toute la promenade quand ZIP... mes roues partent dans un fabuleux slide.... la route est un peu givrée et sur certaines bandes blanches çà part en sucette. Sans Jolly Jumper, c'était Pizza Calzone 4 fromages avec supplément anchois (gravillons).

 

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Je longe la mer. Je prends des photos. je ne pense même  plus en roller... je suis en ballade totale....Pornichet!!!!!!  tiens, c'est collé à la Baule. Sympa.Mais Saint Nazaire aussi. Le monde est petit.... J'ai déjà fait 30 km comme çà.

 

 Magalie, ma belle-soeur au téléphone m’ a donné un coup de pouce pour mon troisième et dernier obstacle et pas des moindres... La Loire et le pont de Saint Nazaire... Il est possible de le traverser en bus. Pour çà il me faut rejoindre la mairie ou l'hôpital. J'ai cherché par tous les moyens depuis le début à éviter les hôpitaux donc je me lance vers la mairie. Je tombe sur le remblai de Saint Nazaire. Un vrai patinodrôme.

 

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 Superbe vue de surcroît sur ces petites cabanes sur pilotis qui servent à la pêche au carrelet. 

 

167313 1260412247157 1735221603 478848 2593727 n Un vieux monsieur en vélo vient se glisser à mes côtés. Nous commençons à discuter. Il me dit qu'il a traversé le pont 3 ou 4 fois en vélo, que c'est chaud, étroit, un sacré graton et que le pont monte à 70 mètres sur 4km et demi. Il me fait douter.  Je suis tenté mais il me le déconseille. Fort de l'expérience de la veille , je décide d'écouter la voix des sages. Je ferai sept kilomètres en bus.

 

J' avais toujours dit sans liaison externe mais ne vaut-il pas mieux arriver entier? Je rejoins la mairie. On me dit que çà ne sera pas d'ici, mais de la gare.

 

Photo0401

 Tient, je trouve des plots géants pour Lucille

 

 A la gare, ce ne seront pas moins de 4 passants différents qui se rassembleront pour m'expliquer qu'il y a deux sociétés de bus, que je dois prendre la 16 mais que ce n’est pas gagné avec Jolly Jumper... J'ai 20 minutes. Je pars prendre un petit café....

 

Alors que je me délecte de mon nectar favori, ma voisine dit à son amie, « je n'ai encore plus de monnaie pour prendre le bus... »

 

Boum, et si .... J’ouvre mon porte monnaie.... tout juste de quoi payer mon café. Il me reste 7 minutes. C'est parti, je ressere les patins et pleine balle vers un distributeur (Jolly Jumper en ville, très pratique pour les arrêts d'urgence, demi-tour instantané)...

 

 On retire de l'argent et retournons au bistrot ou je termine mon petit noir. Je traverse la rue, retire mes patins et grimpe dans le bus qui arrive....Questionnaire d'entrée... :

« c'est un vélo? Une trottinette....? Allez montez, on verra plus tard. »

 

Photo0406

Je fais la traversée de mon pont en discutant avec la conductrice, vraiment très gentille qui parait tout heureuse de permettre à un cinglé de poursuivre son voyage. Les divers occupants du mini-bus se joignent à notre pilote pour m'expliquer comment poursuivre mon périple.

 

Je trouve une route dite : «  Vélo océan » qui longerait soit disant le littoral... Les 10 premiers kilomètres sont superbes. Je fais une petite vidéo pour Alex de Roller en ligne en lui disant que c'est superbe. Et pan.... je tombe dans un chemin de sable.... pas grave, çà ne doit pas être long... je marche... patins aux pieds.... là où le sable est plus ferme (style terre battue) je roule même, çà passe et je progresse à 11 kmh.

 

Je continue comme çà toute la matinée.... arrive 14 heures. Je regarde mon compteur. Je n'ai rien fait aujourd'hui. C'est décidé, j'arrête cette blague de "vélo routes" et je pars sur la départementale. Le moral est au plus bas. Le fait de marcher dans le sable n'a rien arrangé pour mes chevilles. J'arrive dans un petit village "Les Moutiers en Retz" où je trouve une petite épicerie et ou je peux acheter mon premier repas de la journée (un sandwich jambon fromage et une banane. )

 

La caissière m'annonce que je ne suis vraiment pas loin de ma Mère Patrie, mon fief, mon coeur vendéen.....Elle me parle d'un raccourci qui me permettra de traverser la rivière (une écluse) et de gagner 4 km d'une route des plus désagréable., Je continue et arrive devant cette écluse. Un soleil couchant fabuleux m'accueille. Je dois traverser à pied.

 

Je demande confirmation à un monsieur qui travaille sur un toit. Oui, la Vendée, c'est de l'autre côté et oui, par ici, vous gagnerez de la distance et la route est splendide de l'autre côté. Je grimpe avec Jolly Jumper et je m'arrête en haut du pont. Voilà ce que je vois.

 

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 Je fonds en larmes. C'est magnifique. Je suis ému, vraiment fatigué mais je me dis encore une fois, quelle chance tu as de vivre un truc pareil.

 

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 Nous redescendons de notre pont. J'enfourche mes patins et Jolly Jumper. La route est splendide. La Vendée m'accueille avec une route superbe et pour la première fois, je vois très très loin, ce qui veut dire que c'est plat, totalement plat. Je file vers Bouin ou je dormirai ce soir. Il me restera 75 km à faire demain... çà ira.

 

 

 

 J’arrive à Bouin, devant le bistrot du village. Une jolie blonde m'annonce qu'il n'y a plus d'hôtel à Bouin....... Grrr.... elle est devenue hideuse d'un coup. Prochaine ville Beauvoir, à 8 km, "la route est belle "me dira- t-elle.

 

 Ce seront les 8 plus beaux kilomètres que je n’aie jamais parcourus de ma vie en rollos. Nous filons entre 23 et 26 kmh. Pas un brin de vent, littéralement plat. Nous sommes en contre la montre avec le soleil....

 

Nous passons le panneau de Beauvoir, je distingue à peine les lettres. Gagné.... en espérant qu'il y ait un hôtel. Oui. Ouf. Comme tous les soirs, bain de pieds (ce soir ce sera glacé vu qu'il n'y a pas d'eau chaude....dans une chambre à 59 euros....).

 

 Jolly Jumper dormira au garage à côté d'un pur sang arabe (une très grosse moto  BMW dont le top case est plus gros que ma caisse). Je pars manger dans un snack miteux où la personne la moins saoule tient tout juste sur son tabouret. Çà doit être une soirée à thème "retournement de crâne".

 

J’étais aussi le seul à ne pas avoir un mégot entre les lèvres. Cerise sur le gâteau, j' entre-aperçois la cuisine au loin. Tiens, un chat allongé sur le plan de travail. Je suis trop fatigué, je n'ai rien vu, je ne vois rien....

 

 Je choisis une assiette de frites (en théorie, je n'ai pas trop de chance d'être malade avec çà) et je pars me coucher avec une grosse faim.   J’ai d' énormes problèmes pour marcher ce soir. Va falloir rouler avec les tripes demain .

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25 janvier 2011 2 25 /01 /janvier /2011 10:48

 

 

Dernier jour. Je sors du lit. Les chevilles brûlent encore d'hier. Il fait terriblement froid dehors.

 

J'hésite à retourner me coucher. Je prends un très gros petit déj. Il y a une piscine dans l' Hôtel, étant le seul client, la réceptionniste insiste pour me la montrer (elle me voit marcher depuis hier et je crois qu'elle a pitié)

 

Je me dis , autant partir tôt pour moins forcer. Ayant fait 8 km de plus hier soir par obligation, il ne me reste que 65 km. Je suis en Terre Sainte. Je connais bien ma Vendée. J'ai parcouru cette route régulièrement pendant 4 ans quand je faisais mes études de cuisine. Je pourrais presque rouler les yeux fermés.

 

Photo0422

 

 Jolly Jumper s'est trouvé une copine...

 

Les kilomètres défilent. Je fais encore de belles rencontres. Des "Djeunes" en mode roots , pétards aux lèvres dans un vieux trafic viennent rouler 2 ou 3 kilomètres à mes côtés en me posant plein de questions (j'ai pensé au Tour de France).

 

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Photo0420Photo0416Arrivé à St Hilaire de Riez je trouve " l'autoroute du Bonheur pour roller...": Une voie de 3 mètres de large, lisse comme une peau de bébé (pensée à Maëla) qui me mènera à Saint Gilles en toute sécurité puis à Givrand....

 

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 Pas cool, je retourne sur la grosse départementale. Me voici à Brétignoles.... Superbe ballade en bord de Mer puis Brem.... Je vois au loin là-bas, les Sables....

 

 

Me voici à 10 km de chez moi dans la forêt de mon enfance où nous faisions nos ballades dominicales. La senteur des pins vient me rappeler que je suis à la maison. J'explose en larmes si bien que je ne vois plus rien. Je me calme, m'arrête. Je suis sur une aire de repos qui s'appelle l'accalmie....

 

Photo0429Je m'allonge sur la table dans la forêt. Je regarde le ciel.

 

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J’ai réussi. C'était fou. Je décide de m'offrir ma demi-heure à moi, rien qu'à moi, celle que je n'avais pas prise à Morlaix. Je me suis refait toute la route dans la tête.

 

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C'est géant ce voyage que je viens de faire. Je ne parle pas de distance, d'exploit ou de sport.... Je parle juste de ce que j'ai découvert, ce que j'ai appris sur moi et sur les autres.

 

Je n'oublierai jamais cette semaine. Cette demi-heure aura été un très grand moment de mon raid, Il ne s'est strictement rien passé physiquement parlant, mais dans ma tête, j'ai pris l'apéro sur les genoux du petit Jésus... Marie nous a préparé des toasts de Caviar pendant que Saint Pierre nettoyait mes roulements.

 

Je dois être pour 16 heures chez maman vu que je suis parti en théorie, ce matin à midi de Morlaix et qu'il me faut 4 heures. Je redescends sur terre, Il me reste une demi-heure. J'entre dans les Sables.

 

J'arrive devant le panneau.Vu que je me suis lâché avant, çà ne me fera rien.

Paf, rebelote, je suis en larmes comme un gosse. Une dame s'arrête, me demande si çà va et là je lui réponds... :

"oh que oui... "

 

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Elle repartira blasée de s'être arrêtée pour rien. Je passe à 100 mètres de chez ma mère. Je file chez le fleuriste. J'entre et demande un énorme bouquet, patins aux pieds en expliquant que je venais de faire 440 km pour offrir ce dernier.... La petite dame commence ses grigris. Je suis fils d'un ancien fleuriste donc on ne me la raconte pas et je finis par lui dire..." je veux çà, çà puis çà, comme çà.... " 166638 1260417447287 1735221603 478881 1305860 n

 

 

 Pas trop pressée la petite dame! Je finis par lui expliquer que mes pieds sont en fusion et que je n'attends qu'une chose, c'est de les libérer. J'enfile mon bouquet surJolly Jumper , calé entre mes deux tennis....

 

 On m’a regardé de bien des façons pendant 6 jours mais là, record battu, les yeux tout rouges, mon beau bouquet et Jolly Jumper qui hennit de plaisir à l'idée d'arriver....Je filme l'arrivée dans la rue.

 

Je sonne... ma mère ouvre la porte, me demande où est la voiture, elle regarde mon casque, mes pieds, je me décale, elle voit Jolly Jumper et se tape sur les cuisses en se disant:

" non, c'est pas vrai."

 Nous prenons une photo que j'envoie à ceux que je dois rassurer. Je retire mes patins.

 

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1 heure dans le bain et zou au Leclerc. Je dois préparer mon repas pour demain. Ma démarche un peu chaloupée fera dire : je cite ma mère, : « mon fils parait être handicapé ».

 

J ai bu 6 litres d'eau par jour en moyenne, perdu 3 kilos que je vais très vite récupérer. Deux jours après mon voyage, tout va bien, je marche normalement, mon ampoule n'est plus.... paix à son âme.

 

J’ai annoncé pendant le repas que ce voyage était un repérage pour mon vrai projet, la côte Atlantique. Enfin, ils comprennent..... Je ne suis pas fou, j'aime la vie.... et vous?

 

 

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23 janvier 2011 7 23 /01 /janvier /2011 23:18

 

Petit récit  d'Antoine

 

  Un soir, je rentre du boulot... Mon patron vient de m'annoncer que j'avais dix jours de congés dans 2 jours. Je tombe sur Facebook sur une demoiselle que j'ai rencontré lors d'une course: Lucile de la Familly roller. On commence à discuter ou plutôt à délirer et la conversation se termine par:"  dans deux jours, je te rejoins à Caen et on rentre à Morlaix en Roller..."

Voilà, verdict, c'est comme çà que tout a commencé.

 

 Deux jours pour organiser un truc pareil, c'est de la folie. Nous ne savons même pas vraiment quoi emmener... Pas grave... Je contacte Yann solo et David qui sont des adeptes de la discipline... Ohp et le tout est bouclé ou plutôt bâclé...

 

 La veille de mon départ, une tempête fait rage... La météo est loin d'être rassurante, mes proches encore mois....Je ne sais pas combien de fois j'ai entendu les mots impossible, fou, et grands malades...Ce qui est sur, c'est que plus on me mettait en garde et plus j'avais envie d'y aller. Ce sera tout de même deux jours de mauvai sommeil et de manque d'appétit... çà devait être un gros stress...

 

 Je prends le train vendredi matin à 6 heure à Morlaix et arrive à Caen à midi. C'est une Lucile qui se tient le ventre et qui m'attend là. Elle stresse elle aussi. çà me rassure... nous sommes tout deux conscients de la folie dans laquelle nous nous engageons . Enfin du moins c'est ce que je me dis à ce moment là.

 

 

 

Je n' imaginais pas le  1/10 de ce qui nous attendait. J'en avais lu des récits mais... quand on a le nez dedans...bref...certains comprendrons ce que je veux dire.

 

Départ avec Lucile de Caen à 13 h le vendredi. On s'arrête dès le départ dans un bistrot pour voir le tracé... Un petit vieux voyant nos gros sacs, nous demande ou nous partons.... Je lui réponds (timidement) Morlaix. Il explosera de rire , et je crois que ce rire, je m'en rappellerai toute ma vie....

 

Une tempête ,du vent à plus de 100 kmh se lève contre nous. Même en descente, si on arrête de patiner, on recule. Le top ce sera  les montée car nous serons protégés par les côtes. Après seulement quelques kilomètres, je sens mon genou qui grince... Le moral n'est vraiment pas au beau fixe du tout... Nous ne sommes pas parti depuis une heure....

 

Le  graton est  terrible dès le départ. 30 km dans la douleur sous une pluie battante. En tant que pseudo vitesseux ou randonneur, Lucille comme moi avons tendance à sélectionner nos petites ballades en général en fonction du bitume.... Très vite nous allons comprendre ce que veut dire faire un voyage...un raid... tu veux prendre cette route.... vas y mais c'est pas toi qui choisira l'état de cette dernière.... 

 

Nous arrivons à Aunay sur Odon à 16h30, épuisés, démoralisés et déjà découragés. "Le soleil" ou plutôt ce qu'il aura voulu être se couche dans une demi heure et le prochain village susceptible d'avoir un hôtel est à 30 km... vu ce qu'on a fait avant. Stop pour aujourd'hui. Nous sommes trempés, Donc le linge à sécher, une bonne douche et un petit Italien.

 

 Nous prenons chacun une assiette de pâte au Saumon. Petit goût qui me reviens pas trop... Je ne fais pas la fine bouche mais Lulu aura la même impression... On aura le droit à un bon mal de ventre... par la suite... pas cool
.
Lendemain , difficile de se lever . Nous allons prendre le petit déj à 8h30. Nos ventres sont noués du simple fait de regarder par la fenêtre. c'est pire qu'hier..la météo est terrible, çà souffle, la route n'est pas trempée, elle est imbibée... Bref

Lucile ne veut rien manger, çà m'inquiète. Bref je décide qu'on se rallonge une demi heure pour digérer en espérant que la pluie se calme et que les nœuds de stress passent.

Nous repartons. Boum à froid... un mur dans le graton de 10 km pour commencer. Lucile a beaucoup de mal en montée. Sa technique est bonne à plat mais la monté, c'est terrible pour elle, je sens que ses carbones vont vite devenir un problème, ces chevilles commencent à grincer... il pleut toujours des cordes.

Bref nous n'avançons à rien. Arrive 15h30, nous avons fait 29km , je suis à 2 doigt de baisser les bras. Je suis en pleine forme, je n'ai pas encore patiner une seule fois( c'est mon impression). Lucile est morte, strictement explosée. Dans ces jolies patins en carbones pas moins de 9 ampoules ce soir dont une belle comme la lune. Le soleil se couche dans deux heures bref il y a un hôtel ici. Lucille ne pourra pas faire 30km de plus ce soir pour rejoindre la prochaine ville.  Entre nous, moi non plus. Nous sommes rincés. Ce soir j'ai vu les roues de Lulu immergées au dessus des roulements... je me doute que nous allons le payer...

 

Ainsi nous sommes à Vire. Nous trouvons une petite zone avec un hôtel fermé et un supermarché à côté. En attendant que l'hôtel ouvre, nous entrons dans le hall d'accueil de la grande surface. Nous squattons très vite deux chaises en plastique et tel deux gros clochards et commençons à nous changer là. Une grand mère s'est régalée en regardant mon joli caleçon bleu... coquine...j'étais pourtant plus très en forme...Lulu aura été plus pudique et nous aura fait son strip-tease aux toilettes...

 

Nous en profitons pour faire deux trois courses. J'achète du WD40 que Yann m'avait conseillé de ne pas prendre... pas le choix et un fil à linge...

 

 Nous entrons à 17 h dans notre hôtel après avoir pris un petit café dans le bistrot du supermarché (une de ses premières personnes adorables qui ne nous regardera pas comme deux fous et qui nous souhaitera bon courage).

 

 Nous transformons la chambre en dix minutes ... Un fil à linge la traverse dans tout les sens... un coin, recouvert d'un sac poubelle se transforme en garage mécanique...les roulements sont dans un état (4 sur 16 qui sont bloqués chez moi après deux heures d'arrêt). Bref... la zone. Nous allons manger et hop dodo... Nous n'avons encore fait que 30km mais la météo nous tuent.

 
Moral à 0 pour moi. 30 km dans le premier après midi, passe encore mais sur une journée, j'ai les boules: 6 km h de moyenne...

3 ème jour... rebelote. On commence par 12 km d'ascension avec le pire des gratons qui soit (des tranchées). Les pieds de ma pauvre Lulu sont définitivement mort. Un arrêt tout les 50 mètres, je n'exagère pas. Je finis par prendre son sac (elle ne veut pas mais je la force, ce sera notre seul coup de gueule. Le pire de tout c'est que nous ne pouvons pas profiter des descentes.... c'est trempée, on accroche pas...

 

 Une nouvelle ascension , j'ai plus de 16 kg de sacs sur moi et je la pouce. elle n'a plus de niac, plus de jus... elle veut juste continuer pour ne pas me lâcher... Pause, petit repas... elle repart mieux. Nous trouvons in extrémis un gite dans un petit village. Excellent , on passe un moment de la soirée au bar avec les gens à discuter. Je m'enfilerais une petite peinte de bière.  Bilan du jour 30 km


 Nous nous loupons au réveil, il nous faut remonter nos roulements... Bref, nous partons tard et çà n'est pas encore aujourd'hui qu'on fera 100km.

 

  Ma pauvre Lucile donne tout ce qu'elle a mais ses pieds sont définitivement défoncés.

 

Malheureusement elle n'arrive plus à s'alimenter sans avoir mal au ventre. Nous partons comme tout les jours en commençant par une vilaine ascension . Arrivé à Avranche pour faire bref, ce sera encore 30 km aujourd'hui.

 

Lucille sortira à ce moment là, la phrase culte: oh regarde, il y a de vrais gens... C'est vrai que depuis 100 km , nous n'avons pas vu une seul "ville".

 

Nous irons manger dans un petit Italien. Lucile sera incapable de toucher à son assiette tant son ventre la tiraille...

 

 3jours et demi que nous roulons et 105km.  Lucile décide ( sur ma demande aussi) de jeter l'éponge. Elle devient faible et ses ampoules ne cicatriserons jamais.

 

Je laisse donc ma compagne de route à la gare avec tout de même beaucoup de tristesse. Nous aurons partagé des moments terribles et géniaux à la fois.

 

Elle ne peut plus et elle s'en veut, partager entre le désir de ne pas m'abandonner...et la lucidité que la machine est morte.
105 km au compteur à peu près. Même si Lulu lâche l'affaire ici, elle a eu un sacré mérite et franchement , je me demande si le 10 ème des rollos que je connais seraient arrivés jusque là.

Là commence mon deuxième raid dans le raid... et çà devient péchu

1 er jour

Je pars d' Avranche et décide de me rallonger pour voir le Mont saint Michel (de 18 km , je passe à plus de 40) rien à faire, je fais tout le tour de la baie derrière un cheval et sa cavalière, çà n'est pas beau, c'est splendide... je veux le voir... Je me surprends à rouler pour de vrai pour la première fois (un compteur vélo me capte à plus de 26 sur du plat. Je ne suis pas à toc mais ouf je fais enfin du rollo... car il fait beau, je n'ai pas de vent dans le nez et le gratons est un peu moins horrible qu'à l'habitude

Journée superbe du soleil, presque à plat. J'enquille 95 km aujourd'hui ... cette journée sera à jamais dans ma tête. seul hic... depuis le départ, mes genoux picotent. Je trouve que mes pieds sont un peu trop en car externe. Je rentre les platines d'un millimètre. Superbe choix, mes genoux ne me dérangeront plus jusqu'à la fin


17 h il va bientôt faire nuit.

 

 Je suis à Dol de Bretagne, c'est très joli mais le centre ville est tout pavé. Pas question que je laisse un euros dans une ville comme celle ci. ... je sors une lampe , les gilets fluo et continue 2heures...

 


  Emporté par l'euphorie de rouler, j'ai poussé un peu la machine aujourd'hui. Mon arrivé à Dinan se fait dans la douleur, allez j'ose le mot souffrance...Je me demande franchement si je pourrais repartir demain. Mes chevilles sont douloureuses, mes genoux aussi. Je dois ôter mes patins pour entrer dans Dinan car la ville est en hauteur, je ne peux plus rouler et encore moins grimper.

 

Je trouve un hôtel. Je ne regarde même pas le prix... j'entre en priant qu'il y aura une chambre pour moi. alléluia. Les Hôteliers sont encore une fois d'une gentillesse émouvante. Ils me trouveront un petit Italien super sympa aussi.

 

J'entre dans ma chambre, prends une douche me masse avec ma crème "musclor", fait des étirements. Je sors de ma chambre pour aller manger en mode footing. Impressionnant comme le corps et l'esprit  peuvent passer du tout au tout... Il y a une heure, j'allais tout lâcher... je pleurais de douleur sur un trottoir en mangeant une banane, là , je suis un nouvel homme.

 

 Le ville de Dinan est superbe mais je ne traine pas trop , je me presse d'aller me coucher.



2nd jours

 Un départ de Dinard digne des pire cauchemars. Je me fais arrêter par la gendarmerie. Ils me font déchausser. Et faire demi tour en basket. Je suis dingue. Je trouve une petite route longeant le grand axe et me retrouve très vite dans un petit village... Juste un bar. J'y entre. Il est 10h, le patron 70 ans a du mettre un parfum marseillais intitulé 51....

 

 Bref. Il m'indique une route... j'ai le doute mais je l'écoute... Résultat, j'arrive après 2heures de route à Dinan... Il pleut... çà s'est cool, la vie est belle...Je viens de me vider de mes forces pour 0km... La le moral en prend un très gros coup. Je m'arrête dans un nouveau petit village pour prendre un café. Le patron , un jeune de 30 ans est un tri athlète. Nous discutons 1/2 heure. Il m'aura complètement changez les idées. On doit se voir l'an prochain au Saint pol Morlaix mais il cour sous l'heure 30 , va falloir que je m'entraine...

 

 Il me parle d'un jeune qui est passé comme moi par ici en vélo, il revenait de Chine.


Je repars avec pour objectif Lamballe... je vous  passe les détails des paysages mais c'est  superbe ....je roule bien...il fait beau et la vie est belle.
Je traverse une forêt (de Saint Aubin) très plate au revêtement presque correct. çà envois très fort... Je stress un peu tout de même à l'idée de traverser une battue. çà tire de partout....J'accélère... çà serait dommage de rentrer avec du plomb dans les fesses.


Bref j arrive à 15 h à Lamballe. Comme avec Lulu, j'hésite à m'arrêter car le prochain village susceptible d'avoir un hôtel est loin,  je continue... Je ferais un bout de route avec un jeune qui rentre de l'école avec ses rollos. Top cool.


17h20 le soleil va se coucher dans 20 minutes, je suis devant un hôtel, j'ai envie de continuer, je me sens bien... il y a en plus un sacré col sur la carte pour le petit déj demain, çà ne me plait pas, j vais me le faire ce soir, je fais confiance à la providence...çà sera ma seul et unique faute sur le parcours.

Le col est terrible, je le passe. 18h 30 je suis transi de froid. Le village que j'espérais accueillant (hôtel ) est une ville fantôme, tout éteinte... les larmes montent de désespoir. Une supérette. Je me fait faire un sandwich...Je me renseigne aucun hôtel à 8 km à la ronde. Il faut allez en sens presque inverse et j'ai un col de plus de 300 mètres..

 

 Je m'assois sur une palette devant la supérette et mâchouille mon casse dalle (je nage dans le désespoir... je me vois dormir là , il doit faire 4 °c il est 19h, j'imagine cette nuit) de plus je suis trempé. çà sent la fin du raid... je ne pourrais pas repartir demain.

Une cliente m'ayant entendu dans le magasin, me prend sous son aile. elle me rassure et me dit qu' « elle ne me lâche pas...elle me trouvera un hôtel ou me ramènera chez elle ». Oups là, montée de larme. J'y crois à peine. Nous nous arrêtons dans le village suivant elle me dit d'aller voir si il y a de la place. Hôtel complet... Comme promis, elle ne veut pas me laisser là...

 
Elle me fera tourner 30 km en voiture pour trouver... génial, adorable, elle n'acceptera pas un euro...j'ai eu envie de lui faire la bise mais je lui aurais arraché la joue avec ma barbe de 5 jours et elle aurait pu attraper une maladie tant je devais être sale. J'arrive dans un petit café bar hotel restaurant (un peu le centre social du village) les gens me demandent ce que je fais, je raconte mon histoire et un commercial me paye direct un chocolat chaud... je devais faire pitié .

 

Je crois que c'est ici l'élément déclencheur, je n'ai plus honte de dire ce que je fais, les gens ne sourient plus quand je dis que je vais à Morlaix car j'ai déjà fait plus des 3/4 de la route. ...  Le chocolat chaud me requinque et toute cette générosité ce soir me redonne des ailes... l'hôtelière me réserve une table au petit restaurant d'à côté sans même me demander , une vrai maman. Comme dans une cantine d'école mais c'est très bon et pas chère...un flamby en dessert (avec la languette), j'ai souris. Pas loin de 80km aujourd'hui.

 

 Le corps commence à me dire: "vas y cool tout de même" Ma douche magique n'est pas aussi réparatrice qu'hier mais c'est mieux tout de même.


3ème jour

Lendemain matin, revigorer.... plein de fougue (et de douleur quand même) il fait beau, je suis à 80 km de mon appartement. J'aimerais y être ce soir car les finances baissent et mon corps aussi. On me raconte l'histoire du village avant de partir (il y a la ceinture de la vierge dans la basilic de Quintin et toutes les femmes qui ont accouchées dans l'année viennent en procession pour remercier. Petite pensée pour Manue et Maëla)

  Ce sera une journée terrible ou j'ai poussé mon mental et mon corps plus loin que jamais... J'ai été obligé de m'allonger dans un abris bus car mes jambes ne portaient plus du tout, 2 barres de céréale et une sacré engueulade que je me suis collé à moi même...çà repartira sur des chapeaux de roues et jusque à la fin... sans vouloir faire de jeux de mots, j'avais juste faim .

 

 J'ai vraiment poussé aujourd'hui, (10 fois je me suis dit c'est mort, je vais tomber, chuter, mes jambes ne portent plus)Je ne pouvais plus tenir mon freinage en T dans les grandes descentes. Forcé de me jeter dans l' herbes... Des montées et descentes de folies et incessantes....Je garderais le Ponthou toute ma vie dans la tête (le choix entre 3 km en montée ou un mur de 500mètres... bien sur j'ai pris le plus court chemin... mais quel chemin.

 Je suis à moins de 10 km de chez moi. Il fait nuit . Ma carte s'arrête la. Ma lampe ne donne presque plus rien. Je ne sais plus par ou passer. J'appelle Gwen. Je suis conscient mais commence tout de même à divaguer....

 

 J'arrive enfin devant un panneau de Morlaix. Je m'arrête , le regarde et réalise ce que je viens de boucler. j'ai mis un petit moment à comprendre que c'était la fin.. Paf, je pleure encore une fois mais que c'est bon. Je reste un bon moment devant ce panneau. Il est salle mais il est très beau.

 

 Lucile, peut être, a senti quelque chose de chez elle... elle m'appelle a ce moment là. C'est bon, de partager çà avec elle mais je raccroche vite... je suis vraiment trop ému.

 

 Je continue a rouler 500 mètre et arrive à la salle. Je verse une autre petite larme avant de rentrer dans celle ci.


Mon arrivée s'est faite... dans le gymnase de Morlaix ou mes deux meilleurs compagnons de rollos allaient s'entrainer... j'ai eu une énorme monté de larmes en franchissant la porte. Marcel, le président du club était là. Stoïque, il n'avait compris qu'en fin d'après midi ce que j'avais fait en me demandant mais tu es fou, en plus il pleuvait...

 

 Je prendrais une douche dans le Gymnase, volerait le sandwich au jambon de Julien et resterait avec eux... Je n'ai pas fait l'entrainement mais çà n'était pas l'envie qui m'en manquait.

 

Pour faire vraiment simple, on a fait un premier raid de 100 km avec Lulu qui était un peu plus touristique .Bien qu'elle ait vraiment morflé, elle n'était pas prête physiquement, moralement et aussi techniquement (les carbones sont incompatibles avec de tel distances dans du gratons)  .

 

 Je l'aurais achevé 10 fois sur la suite tant ce fut terrible.

et le second raid ou j'ai multiplié la vitesse moyenne par plus de 2,5. et fait en 3 jours  240. km 

J'ai adoré les deux. et si c'était à refaire, je ne changerais strictement rien...Avec Lulu, ce fût aussi génial que seul... tout les plan de galère on permis de savourer de tout petits moments qui normalement anodin, deviennent de très grosses jouissances ou de grande victoires. Je me suis vu par exemple lever les bras en haut d'une côte comme si j'avais terminé le tour du monde de course à pied ou bien sortir d'un grand  moment de désespoir grâce à un tout petit rayon de soleil .

 

En résumé, une aventure splendide. J'ai eu une grande chance: mon GPS est tombé en panne dès le départ.  Je sais maintenant que si il avait fonctionné, j'aurais été sans arrêt à regarder la perf, la distance parcourue, la vitesse et je n' aurais rien vu....je me serais dépêché partout...Je pense m'être arrêté surtout les 3 derniers jours au minimum dans 6 à 7 cafés par jour. Ce fût à chaque fois de belle rencontres et maintenant c'est officiel, je suis caféinoman.

 

 Je n'ai qu'une chose en tête depuis mon retour, c'est de repartir. Je troquerais volontiers mon sac à dos de 7kg contre un skate drive. Comme a chacune de mes petites bêtises, je m'offre une récompense, ce sera donc la prochaine acquisition.

 

 

 Nous voulions avec Lucile remercier tout ceux qui nous ont soutenus, aider et encouragé. Une pensée pour Yann Nicolas et Gwenn qui étaient particulièrement présent. C'est bon de se sentir soutenu. Un merci aussi à Manue pour ses conseils d'infirmière avisée. Je pense très fort aussi à Laurence qui m'a accompagné le dernier jour quand j'étais vraiment au plus mal. Elle a su trouver les mots justes au moments appropriés: " fonces, roules voles, je suis de tout cœur avec toi, t'y es presque..." ce ne sont que des mots mais ils m'ont mis le feu.

 

Et puis une pensée aussi à Julien et son père qui sans le savoir m'incite à me dépasser. Pour rien au monde, j'aurais éviter le Ponthou car Philippe m'avait dit que ce serait trop dur.... Merci

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